Une stratégie surprenante face à un hôte peu scrupuleux!

Pour assurer la survie de l'espèce, le mérion superbe (Malurus cyaneus) a développé une parade étonnante face à la très indélicate habitude du coucou de Horsfield (Chrysococcyx basalis), qui a pour coutume de lui faire élever ses petits au détriment de sa propre progéniture... Ce dernier profite généralement d'une absence ou d'un moment d'inattention pour installer ses oeufs, bien au chaud, dans le nid du mérion. De sorte que ses rejetons, qui brisent leur coquille au bout de deux jours contre cinq pour les petits du volatile hôte, puissent jeter par dessus bord les autres oeufs pour se faire adopter, et éliminer au passage la descendance de ses parents adoptifs... Une stratégie redoutable et quelque peu cruelle qui fonctionne tout de même dans 60 % des cas. Comment certains couples de mérions arrivent-ils donc à échapper à la supercherie ?

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C'est en enregistrant les vocalises de dames mérions près de leur nid que la biologiste Sonia Kleindorfer de la Flinders University d'Adelaïde, en Australie, a fait l'étonnante découverte. Selon le résultat de ses recherches publié récemment dans la revue scientifique Current Biology, les femelles, qui ne cèderaient pas à l'appel du jeune coucou et finiraient par le délaisser, auraient produit un chant bien spécifique pendant les cinq jours correspondant à la période d'incubation de ses oeufs, et uniquement pendant celle-ci. Loin d'une simple berceuse, la scientifique a établi qu'il s'agissait d'une sorte de mot de passe que les oisillons apprennent dans l'oeuf et reproduisent ensuite pour réclamer de la nourriture. Sauf qu'étant donné la complexité de la mélodie, les petits coucous, qui sortent de leur coquille en seulement deux jours, n'auraient pas le temps de la mémoriser et seraient ainsi démasqués et abandonnés.

Seuls les petits mérions, forts de leurs cinq jours d'apprentissage, y parviendraient donc ? Pas tout à fait... En plaçant dans des nids de mérion les oeufs d'autres oiseaux à maturation lente, la biologiste a constaté que les oisillons d'autres espèces étaient capables de s'approprier le code. Sauf que, dans la nature, ceux-ci n'ont heureusement pas l'habitude d'abuser de l'instinct maternel du mérion.

source : lepoint.fr - auteure : CHLOÉ DURAND-PARENTI